17/05/2009

Le cœur cousu

Embarquez dans ce 1er roman pour une traversée insolite, un conte à multiples facettes, sous le soleil plombé de la destinée des Francisca, Frasquita, Anita, Soledad...
Dans un village du sud de l'Espagne, une lignée de femmes se transmet depuis la nuit des temps une boîte mystérieuse : Frasquita y découvre des fils et des aiguilles et s'initie à la couture. Elle sublime les chiffons, coud les êtres ensemble, reprise les hommes effilochés. Mais ce talent lui donne vite une réputation de magicienne, ou de sorcière. Jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs, elle est condamnée à l'errance à travers une Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang. Elle traîne avec elle sa caravane d'enfants, eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels.


Couleurs. "Elle fit le compte : le laurier-rose, la fleur de la passion, la chair des figues, les oranges, les citrons, la terre ocre de l'oliveraie, le bleu du ciel, les crépuscules, l'étole du curé, la robe de la Madone, les images pieuses, les verts poussiéreux des arbres du pays et quelques insaisissables papillons avaient été jusque là les seuls ingrédients colorés de son quotidien..."

Voix. "
Salvador et ses amis discernaient cette force montante qui bourdonnait derrière les murs et, sur cette profonde rumeur, ils entendirent une voix perler, poignante, unique, une voix d'enfant qui leur entra sous la peau, leur hérissa les sens, leur ravagea les nerfs au couteau".

Conte.
"Les mains des conteuses sont des fleurs agitées par le souffle chaud du rêve, elles se balancent en haut de leurs longues tiges souples, fanent, se dressent, refleurissent dans le sable à la première averse, à la première larme, et projettent leurs ombres géantes dans des ciels plus sombres encore, si bien qu'ils paraissent s'éclairer, éventrés par ces mains, par ces fleurs, par ces mots."

Agonie. "J'ai quatre ans à peine et j'écoute les derniers mots de ma mère à l'esprit décousu. Des phrases de laines nuancées, des paroles liées au point de chaînette, de la douleur réduite en fil. J'écoute les lourds manteaux de récits qu'elle se tisse, les blasons, les bannières colorées. J'écoute les cris, les larmes, les perles, les cabochons de pierres fines, les paillettes en métal précieux. J'écoute les longs silences comme des points coupés qui par leurs jours allègent l'air compact de la chambre encombrée de motifs fabuleux. Blancs soudains dans la lente agonie, punto in aria. J'écoute le souffle de ma mère, les fils tirés, le lacis, la dentelle, les ornements brodés par ses lèvres blanches sur les poches, les cols, les boutonnières et les boutons de gilets imaginaires en casimir écarlate..."
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