24/09/2010

Quelques uns des cent regrets

De sa plume amère et douce à la fois, Philippe Claudel évoque la disparition d'une mère, les figures surgissant du passé, les secrets au bord de se dire, dans cette petite ville du nord où le narrateur revient pour l'inhumation après quinze ans d'absence. Extraits.

... "Nous sommes tous à courir après d'autres nous-mêmes, les mains jointes, ou les genoux meurtris."

"Les gouttières percées rendaient une musique chuintante et le toit d'ardoise plongeait dans le ventre gris du ciel."

"Vers quatre heures, elle m'entraînait dans un salon de thé qui portait un nom pour moi fabuleux, Le Merle Blanc. (…) Le lieu bruissait des entrechocs feutrés des tasses et des soucoupes. Les conversations se tenaient doigts en l'air. Il y avait des chiens peignés qui sommeillaient contre les escarpins vernis et dans l'air, un parfum de rhum chaud et de poudre de riz. Toutes les femmes avaient de grands bijoux. Leurs ongles peints étaient triangulaires et leurs lèvres trop rouges semblaient assassinées."

"Les autres sont si loin de nous, et plus encore de nos fantômes."...

Philippe Claudel ["Quelques uns des cent regrets"]

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