Résumé : Le narrateur, un Italien émigré en Argentine par amour, rentre au
pays. Là-bas, sa femme a payé de sa vie leur combat contre la dictature
militaire. Lui est devenu jardinier : il dialogue avec les plantes, lit les
arbres, et les hommes parfois. Il vit solitaire dans un petit village lorsqu'il
rencontre Làila dont il tombe amoureux. C'est le début d'une troisième vie,
éphémère et intense, qui renvoie au destin : "La vie d'un homme dure
autant que celle de trois chevaux."
Erri de Luca, c'est l'art du récit poétique, à la fois dense et dépouillé à l'extrême, que l'on déguste par tous les sens. De cette
lecture d'été associée aux chemins de soleil, j'ai conservé deux passages :
"Ce n'est pas le jour qui vient, c'est la nuit qui se retire.
Je connais le point. Tout n'est encore qu'un pavé d'obscurité, puis un
papier dans la rue a un frémissement, plus faible qu'un coup de poignard à un
éventail, puis la main d'un homme enfile une chaussure sans allumer ni faire de
bruit près de sa femme, puis un branlement de tête d'une vieille qui attend le
retour du sommeil en lisant un roman, voilà que la nuit se ramasse dans un
geste secret en un point, et l'obscurité n'est plus un gaz, mais une huile qui coule
vers l'occident.
Je connais le point de la nuit où elle se détache de la terre et glisse
sur elle."
"Il y a en moi ce qui se trouve chez beaucoup d'hommes dans le
monde, amours, coups de feu, des phrases pleines d'épines, aucune envie d'en parler.
Nous sommes ordinaires nous autres hommes. Ce qui est spécial, c'est vivre,
regarder le soir au creux de sa main et savoir que le lendemain sera nouveau,
que le tailleur de la nuit coud la peau, raccommode les cals, reprise les
accrocs et dégonfle la fatigue."
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